Vers une nouvelle taxe sur les jeux et paris sportifs au Mali : une manne fiscale en ligne de mire

Bamako — Le gouvernement malien envisage d’instaurer une nouvelle taxe sur les gains issus des jeux de hasard et des paris sportifs, dans un contexte où ces activités connaissent une popularité grandissante à travers le pays. Cette initiative s’appliquerait aussi bien aux plateformes de paris en ligne qu’aux guichets physiques tels que ceux du PMU Mali, avec pour objectif de renforcer la fiscalité sur ce secteur en pleine expansion.

Une taxation ciblée sur les transactions de jeux

Au Mali, les parieurs misent principalement via des services de paiement mobile, tels que le Mobile Money, permettant de déposer ou retirer de l’argent en quelques clics. Les cartes bancaires sont également utilisées, bien qu’en moindre proportion. Grâce à ces outils, les joueurs peuvent accéder à des plateformes offrant des services quasi-instantanés, notamment les casinos en ligne avec retrait immédiat.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les transactions quotidiennes liées aux paris en ligne oscillent entre 100 et 300 millions de FCFA, tandis que les courses hippiques du PMU Mali ont généré à elles seules plus de 1,2 milliard de FCFA au cours des premiers jours du mois de Ramadan. Pourtant, une large part de ces flux échappe encore à l’impôt, représentant un manque à gagner significatif pour l’État malien.

Trois types de transactions dans le viseur

La nouvelle mesure viserait à prélever une taxe sur les transactions clés liées aux jeux d’argent :

  • Dépôts sur un compte de jeu via Mobile Money ou carte bancaire.
  • Transferts de gains vers un portefeuille mobile ou un compte bancaire.
  • Retraits en espèces dans les agences physiques comme celles du PMU Mali.

Cette taxe, qui serait prélevée à la source, permettrait à l’État de capter une partie de ces flux et de limiter la fuite de capitaux, tout en élargissant la base fiscale. Le taux proposé se situerait entre 1,5 % et 7 %, selon le type de transaction et le canal utilisé (en ligne ou physique).

Une fiscalité stratégique, mais à double tranchant

Si cette réforme venait à entrer en vigueur, elle pourrait avoir des conséquences notables. Pour les bookmakers, cette pression fiscale risque de réduire leurs marges. Certains pourraient compenser en diminuant les bonus, paris gratuits ou autres offres promotionnelles. D’autres pourraient répercuter les frais sur les joueurs, en majorant les coûts de dépôt et de retrait.

Du côté des parieurs, notamment ceux misant de petites sommes de manière fréquente, cette taxe pourrait apparaître comme un frein. Dans les pires scénarios, elle pourrait inciter une frange des joueurs à se tourner vers des plateformes illégales, souvent en dehors de tout contrôle réglementaire et sans protection du consommateur.

Une opportunité pour encadrer et légitimer le secteur

Cependant, cette mesure pourrait aussi représenter une avancée majeure dans la structuration du secteur des jeux au Mali. En instaurant une fiscalité claire et prévisible, le gouvernement pourrait renforcer la transparence et la légitimité du marché des paris. Les recettes générées pourraient être réinvesties dans des secteurs prioritaires tels que la santé, l’éducation, ou encore le sport amateur.

À plus long terme, la taxation pourrait même s’étendre à d’autres formes de jeux, comme les tombolas ou les concours dotés de prix, dès lors qu’ils dépassent un seuil de valeur défini.

Une tendance internationale : l’exemple de la France

Le Mali ne fait pas cavalier seul dans cette démarche. La France, par exemple, envisage également une refonte fiscale du secteur des jeux d’argent, avec des taxes spécifiques sur le poker et les paris sportifs en ligne. Ce modèle pourrait inspirer les autorités maliennes, qui pourraient ainsi adapter les meilleures pratiques internationales à leur contexte national.

Lire La Précédente

Fer à béton au Mali : les professionnels tirent la sonnette d’alarme sur la qualité locale

Lire La Suite

Conseil des Ministres à Koulouba : le Gouvernement adopte des mesures déterminantes pour l’agriculture, le Hadj et le secteur minier

Les Plus Populaires