Mali : la transition en proie aux fantômes de la corruption, la traque des fonds détournés au point mort

Depuis le coup d’État d’août 2020, la transition militaire malienne s’est voulue porteuse d’un vent de renouveau, promettant une gouvernance débarrassée des pratiques opaques du passé. Le président de la Transition et son Premier ministre avaient alors érigé la lutte contre la corruption en cheval de bataille, multipliant les engagements en faveur de la transparence et de la justice. Trois ans plus tard, ces promesses semblent s’éroder sous le poids d’un immobilisme persistant.


Enquêtes au ralenti : le temps des promesses s’essouffle

L’élan initial, marqué par l’ouverture de plusieurs dossiers emblématiques de détournements de fonds publics, s’est peu à peu estompé. Les grandes affaires, telles que celles liées aux marchés d’équipements militaires ou à la gestion des finances publiques sous les régimes précédents, peinent à aboutir. En coulisses, les lenteurs administratives, le manque de moyens d’investigation ou encore des blocages politiques ralentissent le processus. Pour de nombreux observateurs, le fossé entre les déclarations de principe et les actes concrets ne cesse de se creuser.


L’avion présidentiel et les contrats militaires : dossiers sensibles, avancées timides

Parmi les affaires les plus scrutées figure celle de l’achat controversé de l’avion présidentiel, ainsi que celle des contrats militaires passés dans des conditions jugées opaques. Ces dossiers, emblématiques des dérives financières passées, impliquent des montants faramineux – souvent chiffrés en milliards de francs CFA – mais peinent toujours à livrer leurs conclusions. L’absence de communication officielle sur l’avancée des procédures entretient la suspicion et la frustration d’une opinion publique en quête de vérité.


Fonds recouvrés : une opacité inquiétante

Au cœur des attentes figure la question du recouvrement des sommes détournées. Or, à ce jour, aucune déclaration claire ne permet de connaître l’ampleur des fonds réellement récupérés par l’État. Ce silence prolongé contraste avec les ambitions initiales des autorités de transition, qui s’étaient engagées à restaurer la confiance par des actes forts. L’absence de résultats concrets alimente un sentiment d’inachevé, voire de résignation chez certains Maliens, qui craignent que la lutte contre la corruption ne soit reléguée au second plan.


La volonté politique à l’épreuve des faits

Au-delà des discours, la réussite de cette croisade contre la corruption repose sur une condition sine qua non : une volonté politique claire et constante. La transition malienne ne pourra convaincre qu’en faisant preuve de rigueur, de transparence et d’impartialité dans le traitement des affaires sensibles. La société civile, les médias et les citoyens doivent continuer à exercer une pression constructive afin que les engagements ne se diluent pas dans le temps.


Un avenir incertain, mais encore possible

Face à une population en attente de justice et de réforme, les autorités ont l’opportunité – et la responsabilité – de restaurer la confiance. Redonner toute sa force à la lutte contre la corruption, c’est offrir au Mali une chance réelle de tourner la page de l’impunité. Encore faut-il que les actes soient à la hauteur des ambitions.

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