
Dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, un incident hautement inflammable a secoué la petite localité frontalière de Tinzawatène, entre le Mali et l’Algérie. Un drone militaire malien a été abattu en plein vol par l’armée algérienne, déclenchant une onde de choc diplomatique immédiate.
La réaction de Bamako ne s’est pas fait attendre : les autorités maliennes ont vigoureusement dénoncé un acte d’agression inacceptable. Dans un élan de solidarité, les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) — le Mali, le Burkina Faso et le Niger — ont rappelé leurs ambassadeurs à Alger, marquant un tournant grave dans les relations régionales.
Silence d’Alger, fermeté de Bamako
Les autorités maliennes ont exigé des explications claires de la part d’Alger. Où sont les preuves d’une violation de l’espace aérien ? Quel danger justifiait l’usage de la force ? Trois jours plus tard, le silence algérien reste pesant. Pour soutenir sa version, Bamako a révélé les coordonnées GPS de l’impact du drone, situé à plus de neuf kilomètres à l’intérieur du territoire malien — un détail qui exclut, selon plusieurs experts, toute incursion accidentelle.
Escalade diplomatique : l’AES resserre les rangs
En signe de protestation, le Mali a convoqué l’ambassadeur algérien pour des explications urgentes. Plus encore, Bamako a suspendu sa participation au Comité d’État-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC), pourtant pilier de la coopération sécuritaire régionale. Ce retrait symbolique, combiné au rappel collectif des ambassadeurs AES, révèle une fracture diplomatique profonde et une cohésion régionale mise à l’épreuve.
Plainte internationale : une issue incertaine
Le Mali a déposé une plainte formelle pour “acte d’agression” contre l’Algérie auprès des instances internationales. Mais les chances d’aboutissement semblent limitées. Selon l’analyste Pierre Claver Bakaroba Traoré, cette initiative risque de connaître le même sort que la plainte malienne contre la France, restée sans suite. “Il serait illusoire d’espérer une réaction forte du Conseil de sécurité ou de l’ONU”, confie-t-il à des médias locaux.
Clivage politique à Bamako : entre fermeté et modération
Sur le plan intérieur, l’incident a ravivé les tensions politiques. Le parti Yelema s’est rangé derrière les autorités, saluant leur position ferme. De son côté, le CNID Faso Yiriwa Ton a condamné vigoureusement la destruction du drone et réaffirmé son soutien total aux FAMA. À l’inverse, la Codem appelle à la retenue, prônant le maintien du dialogue et des liens avec l’Algérie, malgré la crise actuelle.
Une crise à surveiller de près
Alors que l’atmosphère reste lourde d’incertitudes, cette affaire pourrait bien redéfinir les rapports de force dans une région déjà fragilisée par l’insécurité et les tensions géopolitiques. La suite dépendra autant des réponses diplomatiques que des pressions exercées, dans l’ombre, par les partenaires internationaux.