
Un vent de scandale souffle sur la représentation diplomatique malienne au Ghana. Une inspection approfondie a mis au jour des irrégularités financières alarmantes au sein de l’ambassade du Mali à Accra, révélant un déficit de 61 293 799 FCFA dans les comptes. Si une régularisation partielle à hauteur de 24 673 406 FCFA a pu être effectuée, 36 620 393 FCFA demeurent sans justification, posant la question d’une dérive préoccupante dans la gestion des deniers publics.
Une mission d’audit pour dissiper les zones d’ombre
Mandatée pour passer au crible les finances de l’ambassade sur la période 2021-2024, la mission de vérification a entrepris un examen systématique des dépenses : salaires, fonctionnement, investissements… Chaque ligne budgétaire a été passée au peigne fin. Le constat est sans appel : dysfonctionnements systémiques, absence de traçabilité et manquements aux normes administratives ont été identifiés comme des facteurs majeurs de cette gabegie.
Un rapport accablant : entre improvisation et non-conformité
Le document final dressé par les inspecteurs décrit une gestion à la dérive. Parmi les points les plus préoccupants figurent :
- Le défaut de suivi du personnel diplomatique, de leur arrivée jusqu’à leur départ ;
- L’absence d’un manuel de procédures, privant l’ambassade de tout cadre opérationnel clair ;
- Le non-respect des lois locales concernant les salaires des employés recrutés sur place.
À cela s’ajoutent des anomalies concernant des dépenses médicales non justifiées et des fonds publics non reversés, ce qui a mené à un signalement auprès du Procureur de la République, posant ainsi les bases de potentielles poursuites judiciaires.
Des recommandations fortes pour une refondation
En réponse à ces dérives, des recommandations claires ont été émises :
- Élaborer un manuel de procédures financières et administratives propre à chaque mission diplomatique ;
- Renforcer le contrôle des mouvements du personnel ;
- Veiller au respect strict des législations locales, notamment en matière de rémunération et de gestion des comptes bancaires.
Les ambassadeurs sont également invités à jouer un rôle plus actif dans la surveillance quotidienne de la gestion administrative et financière de leurs représentations.
Un coup porté à l’image du Mali à l’international
Ces révélations font l’effet d’un choc dans un contexte de transition politique où la gouvernance exemplaire est brandie comme une priorité. En sapant la crédibilité de l’État malien à l’étranger, ces malversations entachent non seulement l’image du pays, mais minent aussi la confiance des citoyens dans la gestion publique.
Pour une diplomatie malienne plus transparente
La conclusion du rapport est sans équivoque : une réforme profonde et urgente s’impose. Transparence, rigueur, reddition des comptes – autant de principes qui doivent désormais guider l’action diplomatique du Mali. Car restaurer la confiance passe inévitablement par des actes forts, et non par des intentions seules.